Les acquisitions de terre ne se limitent pas aux opérations à capitaux étrangers. Les études récentes mentionnent le rôle parfois joué par les élites nationales dans les grandes acquisitions foncières. Cette question revêt une importance toute particulière en Côte d'Ivoire, avec l'engouement marqué, ces dernières années, des élites ivoiriennes pour laterre. L’implication de ces élites nationales dans l’agriculture de plantation n’est pas un fait nouveau. Par le passé, l’accès à la terre des élites pour lacréation de plantations de caféier, cacaoyer ou palmier se faisait à traversl’octroi de terres rurales à des barons du régime lors de déclassements de forêts, ou à travers des procédures coutumières dans les villages d’origine,pour les originaires de la zone forestière. Depuis les années 2000, ladynamique d’acquisitions foncières par les élites ivoiriennes a pris une autreforme, avec un recours généralisé au marché foncier. Cette dynamique vas’accentuer trois ans après la crise militaro-politique. L’étude est essentiellement qualitative. L’analyse repose sur des données collectées en 2017 auprès de 40 acquéreurs et 31 cédants. Ce texte offre un éclairage surles logiques d’accès à la terre pour la création des plantations d’hévéas, les stratégies pragmatiques d’appropriation foncière des élites et les enjeux fonciers et sociaux induits par ces transferts fonciers en période post- conflit.